La raréfaction des ressources: un enjeu majeur
En Haute-Savoie, plus que nulle part ailleurs en France, le regard sur l’évolution des glaciers est un thermomètre proche, sensible, commun à beaucoup des habitants pour constater le changement climatique. Le baromètre est sans appel, qu’il s’agisse du recul du front des glaciers que de la diminution de la masse de ceux-ci.
Ainsi, depuis 1996, d’une année sur l’autre, le front de la Mer de Glace n’a cessé de reculer (à une exception près en 2006) chaque année pour un retrait total de 867 mètres en entre 1996 et 2020. Un phénomène qui tranche avec la même période de 25 ans précédente (+184 mètres).
Sur le glacier d’Argentière, le constat est le même avec une observation de la masse globale du glacier. Depuis 2002, celle-ci évolue négativement sans interruption avec un recul annuel moyen de 1215 mm m-2 w.e (soit l’équivalent de 1215 litres d’eau sur une surface horizontale d’un mètre carré). Sur le plus long terme (1976-2018), ce glacier a perdu 36 mètres d'épaisseur, avec une forte accélération de la fonte depuis 2001.
Cette situation dramatique s'explique par l'élévation rapide des températures moyennes. A Chamonix, celle-ci a progressé de +3,7°C entre 1980 et 2022, avec une multiplication d'années exceptionnellement chaudes : les 4 années les plus chaudes jamais enregistrées à Chamonix ont eu lieu ces cinq dernières années, avec une année 2022 record. Le nombre de jours dépassant 30°C a doublé en 10 ans à Chamonix, et les épisodes caniculaires et de sécheresse ne cessent de se multiplier en été. Cette situation pose donc de plus en plus la question de l’accès à la ressource en eau en période estivale, que ce soit pour la consommation domestique ou pour le bon fonctionnement des écosystèmes.
Analyse publiée en 2023
Évolution annuelle du front de la Mer de Glace en mètres
OC DDT 74