La consommation de foncier des villages-stations
Le tourisme est un secteur essentiel de l'activité économique haute-savoyarde. Le département est même le moteur de la région Auvergne Rhône -Alpes puisqu'il représente la plus grande proportion de nuitées (tout hébergement confondu) de la région. Mais la crise Covid et le réchauffement climatique ont montré la fragilité d'un secteur très dépendant de variables internationales. Cette fragilité se retrouve statistiquement dans le nombre de nuitées annuelles du département depuis une dizaine d'années.
Si celles-ci ont quasiment doublé entre 2010 et 2019 avec une augmentation de 99,3% sur la période, certaines années ont été marquées par des décrochages importants, comme en 2014 où le nombre de nuitées a baissé de 14,7% par rapport à 2013, ou avec la baisse de 25,7% entre 2016 et 2017. Cependant, à l'été 2020 (entre deux confinements) la Haute-Savoie a enregistré 22,4 millions de nuitées, soit l'équivalent annuel de 2018 en une seule saison.Le tourisme haut-savoyard a donc profité de la crise pour se diversifier, mieux répartir son attractivité sur le territoire et prendre les devants par rapport à d'éventuels changements contraints par le réchauffement climatique.
Si les statistiques de l'été 2022 (14 734 000 nuitées) confirment l'attrait du territoire à cette période de l'année, elles permettent aussi de s'interroger sur la durabilité du changement de pratiques de consommation des touristes à plus long terme. Le secteur touristique demeure donc fragile face aux soubresauts géopolitiques et il se peut que les mois à venir le confirment si le conflit russo-ukrainien se poursuit. Néanmoins, cette attractivité pose la question du modèle touristique sur lequel elle repose.
En effet, lorsque l'on exclut les communes de plus de 1000 habitants et que l'on observe la densité des habitants par hectares urbanisés, on constate que les stations de sport d'hiver sont les communes les plus consommatrices de foncier pour peu d'habitants. Par delà les questions de changement climatique, l'instauration de l'objectif Zéro Artificialisation Nette par la loi climat et résilience, va contraindre fortement le mode de développement actuel de la plupart de ces villages-stations en empêchant la mise en œuvre de projets d'accueils touristiques dans les dix prochaines années.
Quelles alternatives pour favoriser le développement la Haute-Savoie possède-t-elle face à la rencontre de ce dynamisme et de cette contrainte? Les prochaines années vont être décisives pour le modèle d'aménagement du territoire qui a gouverné l'essentiel de l'activité touristique départementale depuis plusieurs décennies.
Analyse publiée en 2022
Taux d'occupation annualisé des hôtels haut-savoyards
Source : STRMTG